Laqueus contritus est
Laqueus contritus est
Intervention au second Festival di Philosophie “Antonio Livi”
Laqueus contritus est,
et nos liberati sumus.
Ps 123, 7
Je suis heureux de pouvoir adresser mes salutations aux participants de la deuxième édition du Festival de philosophie consacrée à la chère mémoire de Mgr Antonio Livi. Votre présence à cette journée montre que les souhaits exprimés en juillet de l’année dernière commencent à se réaliser avec l’engagement et la collaboration de tant de personnes de bonne volonté. À elles, ainsi qu’aux organisateurs du Festival, vont mes encouragements et l’assurance de mes prières.
Cette réflexion – plus de deux ans après le début de la grande farce psychopandémique et le coup d’État de la Grande Réinitialisation – n’aura cependant pas les sombres connotations de mon intervention précédente, mais sera marqué par une évaluation des événements que pour simplifier nous pourrions définir réaliste, dans un sens positif. Ce n’est pas vraiment de l’optimisme, car cela exagère dans la positivité ce que le pessimisme dépasse dans la négativité. Le réalisme me semble plus correct et correspond à la vérité.
La première raison de ce « réalisme positif » est basée sur la vertu théologale de l’Espérance : nous savons avec une confiance filiale que le Seigneur nous accorde tous les moyens nécessaires pour mériter le Paradis, et qu’Il ne nous expose à aucune épreuve, sauf celles que nous pouvons vaincre par Sa Grâce. Notre petite victoire sur la tentation du péché est une victoire de Dieu : omnia possum in eo qui me confortat, je peux tout en celui qui me donne de la force (Phil 4, 13). Nous ne parlons donc pas d’un sentiment humain basé sur une illusion, mais d’une prise de conscience basée sur la promesse du Sauveur : sufficit tibi gratia mea, ma grâce vous suffit (2 Co 12, 9).
La deuxième raison de regarder positivement le présent est peut-être plus subjective, mais à mon avis à ne pas sous-estimer. Ces deux années de délire mondial nous ont montré le vrai visage de l’adversaire, révélant qui a agi par soif de pouvoir, qui pour le profit, qui a suivi un plan criminel contre Dieu et contre l’homme. Nous sommes bien conscients des scandaleux conflits d’intérêt qui se trouvent au sommet de l’autorité ; nous savons bien qui s’est vendu au mondialisme néo-malthusien, soutenant un récit aussi manifestement faux que délirant ; nous connaissons tous bien ceux qui, depuis les sièges du Parlement, les salles de rédaction des médias, les associations professionnelles, les syndicats et même les églises, sont devenus complices d’innombrables violations des droits naturels et responsables de la mort de millions de personnes dans le monde entier. Et nous connaissons nommément ceux qui, avec un cynisme froid, ont planifié la pandémie pour pouvoir inoculer un sérum génique qui compromet irrémédiablement le système immunitaire, rend les hommes et les femmes stériles, provoque des avortements chez les femmes enceintes et fait mourir les jeunes de crises cardiaques. Les horreurs du Nazisme et du Communisme font pâle figure par rapport à la cruauté impitoyable des théoriciens du dépeuplement du monde, selon lesquels – [le ministre de la transition écologique] Roberto Cingolani en tête – quatre milliards d’êtres humains devraient être éliminés. Il est impensable qu’un tel crime, commis partout avec les mêmes actions coordonnées et sous une seule supervision, reste impuni. Et s’il sera certainement puni par le Très-Haut, en présence duquel les victimes de l’eugénisme mondialiste crient justice, il faut espérer que même sur cette terre les peuples pourront condamner les responsables à des châtiments exemplaires.
L’année dernière, notre regard s’est tourné avec une grande appréhension vers l’évolution des événements, qui suivaient d’une manière apparemment indéfectible l’agenda des mondialistes du Forum Économique Mondial. De plus en plus de gens ont compris qu’ils étaient confrontés à un plan – mais appelons-le par le terme approprié : un complot – ourdi par des conspirateurs sans morale, mais ils se sentaient impuissants et dépassés. Nous aussi, qui pourtant avions une vue bien claire dès le début sur ce qui se passait, nous avions de multiples raisons de craindre une exacerbation du régime dictatorial qui était en train d’être établi. Et la crise russo-ukrainienne du début de l’année a semblé confirmer cette résurgence. Nous avons eu la confirmation, il y a quelques jours, de nul autre que Bergoglio, que bien avant le début de l’opération militaire russe en Ukraine, l’OTAN voulait provoquer l’intervention de Moscou pour avoir un prétexte pour imposer la transition écologique, suite aux sanctions de la communauté internationale. La pandémie pour le contrôle social, la guerre et la crise économique pour le virage vert, le crédit social, l’abolition de la propriété privée, le revenu universel.
Ces mondialistes sont si prévisibles, dans leurs délires grotesques de domination, qu’ils suscitent l’indignation de ceux qui les entendent parler de philanthropie alors qu’ils exterminent, stérilisent ou rendent des millions de personnes chroniquement malades ; de solidarité et de justice sociale, tout en théorisant l’exploitation de la main-d’œuvre bon marché et en provoquant une augmentation désastreuse du chômage ; de l’écologie, tout en polluant la planète avec des milliards de masques inutiles ou avec les batteries au lithium des voitures électriques. Et si vous remarquez, il semble qu’ils exigent un acte de soumission de leurs partisans, aussi plus les raisons qu’ils donnent pour légitimer leurs décisions sont absurdes et illogiques ou même méprisantes, plus grandes doivent être l’abdication de la raison et la soumission servile de la volonté chez les sujets.
Hétérogenèse des fins : précisément ceux qui, depuis des décennies, nous rabattent les oreilles de liberté, de choix conscient, de droit de critiquer, d’objection de conscience et de désobéissance civile se montrent aujourd’hui des exécuteurs zélés des dispositions sanitaires les plus ridicules, des règles d’hygiène les plus absurdes, des discriminations les plus viles. Et avec la même obéissance aveugle, les apôtres de l’antifascisme vont aujourd’hui de pair avec Pravij Sektor et le bataillon Azov, tandis que les gauchistes qui dénonçaient hier l’impérialisme américain et la dépendance de l’Italie à l’égard de l’OTAN exaltent maintenant les qualités de gouvernement d’un cocaïnomane assujetti à l’État profond qui hisse les symboles néo-nazis et célèbre comme des héros nationaux des criminels de guerre antisémites.
Je crois que de nombreux éléments peuvent nous faire considérer que l’assaut que l’élite mondialiste avait planifié avec l’Agenda 2030 et la Grande Réinitialisation a échoué. Cela ne signifie pas que la guerre est gagnée, mais que la Providence a daigné changer le cours des événements comme pour nous donner une dernière chance de repentir, une occasion de réparer les erreurs et les péchés commis, et d’y remédier. Certes, la pseudo-pandémie et la crise ukrainienne ont poussé de nombreuses âmes à multiplier les prières et les pénitences, implorant de Dieu une trêve qui permette à l’humanité de se réveiller de la narcose dans laquelle elle a sombré pendant des décennies, voire des siècles.
L’échec de l’élite est confirmé par les aveux de nombre de ses représentants, qui tiennent déjà pour acquise la fin du mondialisme. Les fanatiques qui tentent encore de maintenir ensemble le dangereux édifice psychopandémique n’ont pas compris que leurs dirigeants les abandonnent à eux-mêmes ; d’autres, avec l’intuition typique des courtisans, se dépêchent de se repositionner face au changement de récit qui ne peut être reporté. Bientôt, il sera admis que la pandémie et la crise ukrainienne faisaient partie d’un plan subversif mondial, mené avec la complicité de leaders mondiaux, de dirigeants et chefs d’État, de politiciens, de journalistes, de médecins, de professeurs, de magistrats, des forces de l’ordre, d’ecclésiastiques.
Mais précisément parce que cette trahison est maintenant manifeste ; précisément parce que les mensonges qui ont été répandus ont été révélés dans leur fausseté et leur spéciosité ; précisément parce qu’il a été compris que c’est l’autorité actuelle qui est irrémédiablement corrompue et corruptrice, une réaction désespérée est à prévoir, un coup de queue : parce qu’ils n’ont plus rien à perdre, et ils savent que ce qu’ils n’obtiennent pas aujourd’hui avec un dernier coup de queue, ils ne l’obtiendront pas demain, quand leur conspiration sera universellement connue et universellement execrate.
Ce n’est pas, comme je l’ai dit, une victoire : c’est une trêve qui nous permet de jouer notre rôle dans le processus de reconstruction qui nous attend tous. Un processus qui doit être moral avant même matériel, du cœur avant de l’esprit.
L’effondrement de la société mondiale et la fin de la fausse bipolarité de matrice révolutionnaire (droite / gauche, USA / URSS, libéralisme /socialisme, progressisme / conservatisme) rendront nécessaire un engagement collectif, dans lequel la composante catholique doit jouer un rôle de premier plan, en tant que leader. Mais pour être protagonistes, pour combattre dans l’arène politique, il est nécessaire d’avoir une solide formation religieuse, morale, intellectuelle et politique. Avoir des idéaux, saints et héroïques, animés par le désir de chacun de se sanctifier dans tous les domaines de sa vie, de l’étude au travail, de la famille à l’engagement social. Et je dis se sanctifier soi-même, pour plaire à Dieu qui, dans ce but, nous a créés et nous a faits à son image et à sa ressemblance.
Il est nécessaire de redonner à la société sa dimension spirituelle, en guérissant la blessure séculaire infligée par la laïcité, le libéralisme et le communisme. Le Christ Roi doit régner sur les Italiens avant même l’Italie. Les laïcs catholiques sont appelés à témoigner de leur foi sur deux fronts : social, reconstruisant ce qui a été détruit, restaurant ce qui a été laissé s’effondrer. Écoles, universités, professions, métiers. Un patrimoine de civilisation intimement chrétien.
L’autre front doit être celui de la formation de ceux qui servent la communauté. Éduquons nos enfants à être de bons chrétiens et de bons citoyens, de bons pères et mères de famille, des travailleurs honnêtes, un exemple d’édification pour les autres. Apprenons-leur à ne pas avoir honte de professer d’être Catholiques et à ne pas considérer comme un déshonneur d’aimer la Patrie. Nous formons des dirigeants qui pensent au bien commun et non à leur propre profit ; qui accomplissent leur devoir en sachant qu’ils doivent en rendre compte au Seigneur.
Et n’oublions pas ceux qui, au cours de ces deux années de folie collective, n’ont pas cédé aux diktats d’une autorité soumise à l’élite. Que leur exemple soit une aiguillon pour les jeunes, qui ont besoin de modèles de cohérence, et pour la future classe dirigeante, qui sera appelée à remplacer cette génération de courtisans craintifs et de vils conspirateurs.
En définitive, voilà le véritable changement de ces derniers mois : avoir découvert que le progrès, la fraternité, l’inclusion, la résilience, la durabilité ne sont que des mensonges, qui derrière une apparence de solidarité horizontale cachent une grande tromperie, une fraude, un plan criminel. Avoir compris qu’il ne peut y avoir de fraternité où le Père commun n’est pas reconnu ; qu’il n’y a pas de solidarité si l’on n’aime pas Dieu et son prochain par amour de Lui ; que la vraie liberté n’est ni l’arbitraire ni la licence, mais la faculté d’agir dans les limites du Bien ; que l’État, en tant que société composée de citoyens appelés à être enfants de Dieu par le baptême, ne peut se déclarer athée ou non confessionnel, mais doit plutôt reconnaître publiquement la soumission de l’autorité civile et de tous ses membres à l’Autorité suprême de Dieu, et à elle conformer ses lois. Car telle est la volonté de Dieu : ce n’est pas tous ceux qui me disent : Seigneur, Seigneur, qui entreront dans le Royaume des cieux, mais celui qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux (Mt 7, 21).
Remettons Dieu au centre de nos vies, au centre de la famille et de la société, au centre de l’Église. Tout le reste viendra tout seul.
+ Carlo Maria Viganò, Archevêque
© Traduction de F. de Villasmundo