Agere sequitur esse

Mons. Carlo Maria Viganò

La vision ``théologique`` du Great Reset

Conférence à l'Université d'Eté – Civitas

Quand l’être humain agit, il agit en vue d’une fin. Son action, ce qu’il fait, représente un moyen ordonné à une fin, qui peut être moralement bonne ou mauvaise. L’action procède de la volonté, et elle naît de la pensée, qui est un acte de l’intelligence. Ce que nous faisons est déterminé par qui nous sommes (l’ensemble de nos facultés : mémoire, intelligence et volonté). La scolastique résume parfaitement ce concept en trois mots : agere sequitur esse.

Personne n’agit sans but. Et même ce qui se passe sous nos yeux depuis plus de deux ans maintenant est la conséquence d’un ensemble de causes concomitantes qui présupposent une pensée initiale, un principe informateur, pour ainsi dire. Et quand nous réalisons que les raisons qui nous sont données pour justifier les actions entreprises n’ont aucun caractère rationnel, cela signifie que ces raisons sont des prétextes, de fausses raisons, qui servent à cacher une vérité inavouable.

Telle est la façon de procéder du Malin. Quand il nous tente, il ment pour nous faire croire qu’il est notre ami, qu’il se soucie de notre bien. Tout comme un bonimenteur de foire, le diable nous propose ses trouvailles miraculeuses, ses élixirs de bonheur et de richesse, pour la somme modique de notre âme immortelle. Mais cela, comme un escroc, il omet de le dire, bien sûr, tout au plus il l’écrit en petits caractères dans les clauses du contrat.

Tout est mensonge quand il s’agit de Satan. Les prémisses sont fausses : Votre Dieu vous opprime avec de lourds préceptes. Les promesses sont fausses : Vous pouvez décider et obtenir ce que vous voulez. Et tout est mensonge également quand les serviteurs de Satan s’organisent pour établir la dystopie du Nouvel Ordre Mondial.

Eh bien, puisque nous ne pouvons pas nous attendre à ce que les conspirateurs du Great Reset nous disent clairement quel est leur objectif final – puisqu’il s’agit de quelque chose d’inavouable et de criminel – nous pouvons néanmoins reconstruire la mens, la pensée qui guide leurs actions en connaissant les principes qui inspirent leur agir et en les étayant avec leurs propres mots. Et nous sommes également capables de comprendre que les raisons données ne sont que des prétextes. Or, justement les prétextes, tels qu’ils sont présentés, démontrent la malice et la préméditation, car si leur projet était honnête et bon, ils n’auraient pas besoin de le déguiser avec des excuses illogiques et incohérentes.

Mais qu’est-ce que c’est, ce Great Reset ? C’est l’imposition forcée d’une quatrième révolution industrielle qui conduira le système économique et social actuel à l’implosion, et permettra, par un appauvrissement général et une réduction drastique de la population, la centralisation du pouvoir entre les mains d’une élite d’aspirants à l’immortalité et à la domination du monde. Ils voudraient nous réduire à une masse amorphe de clients/esclaves confinés dans des box et perpétuellement connectés au réseau.

À travers le Great Reset, ils veulent effacer la société chrétienne occidentale afin d’instaurer une synarchie libérale-communiste sur le modèle de la dictature chinoise, dans laquelle toute la population est contrôlée et manœuvrable à volonté. Dans une société inspirée même en partie seulement par les valeurs du catholicisme, les groupes de pouvoir financier et l’élite du Nouvel Ordre Mondial n’auraient pas leur place. Mais cela ne doit pas nous laisser croire que leur opposition à la société chrétienne a une motivation simplement économique et politique. En réalité, ce qui déclenche cette haine, c’est qu’il puisse exister, même dans le coin le plus reculé de la planète, une alternative possible à la dystopie mondialiste, un monde dans lequel l’employeur peut honnêtement payer ses employés, dans lequel l’État impose des impôts raisonnables aux citoyens, dans lequel les œuvres de charité rendent gratuitement et sans spéculation les services, dans lequel l’innocence des enfants est respectée et la propagande LGBTQ+ n’est pas autorisée. Un monde dans lequel le Règne social de Jésus Christ se montre non seulement comme possible, mais comme la meilleure forme de société, administrée pour le bien commun et pour la gloire de Dieu.

La simple existence d’un terme de comparaison est un désaveu brûlant de la tromperie mondialiste, montrant son horreur et son échec. Les mensonges sur la nécessité des confinements sont désavoués par l’évidence que là où ils n’ont pas été adoptés, les cas de maladie grave ont été moins nombreux que lorsque des fermetures et des couvre-feux ont été imposés. Les mensonges sur l’efficacité du sérum génique sont démystifiés par les cas de réinfection de multi-vaccinés, des effets indésirables graves, des morts subites. Les mensonges sur le « peuple souverain » et les droits inviolables de la personne ont été démentis par des règles absurdes, des normes inconstitutionnelles, des lois discriminatoires dans le silence du pouvoir judiciaire.

Même le terme de comparaison constitué par la Messe de toujours rend impossible de préférer sa contrefaçon montinienne : c’est pourquoi l’église bergoglienne veut empêcher sa célébration et en éloigner les fidèles. Aussi pour nous imposer cette horreur, on a eu recours à la tromperie, disant aux fidèles que la Messe Apostolique était incompréhensible, et qu’il fallait la traduire et la simplifier afin que les fidèles en apprécient mieux la signification. Mais c’était un mensonge. Et s’ils nous avaient expliqué que leur but était exactement le même que celui que les hérésiarques protestants s’étaient fixés – c’est-à-dire détruire le cœur de l’Église Catholique – nous serions allés les chercher les fourches à la main.

Le monde globaliste ne tolère donc pas les comparaisons. Il exige cette « exclusivité » qu’il dénonce avec horreur dès lors que ce n’est pas lui qui la revendique. Il déchire ses vêtements sur le pouvoir temporel de l’Église – avec la complicité de clercs fornicateurs et hérétiques – puis exige une obéissance absolue et irrationnelle aux dogmes qu’il proclame depuis Davos ou Bruxelles. Il célèbre la liberté d’expression et de la presse, qu’il finance généreusement, mais ne tolère ni la dissidence ni la vérité, qu’il cherche à rendre tout simplement inaccessibles, invisibles.

Et encore : le monde globaliste n’a pas de passé à nous montrer pour confirmer la grandeur de ses idées, de sa philosophie, de sa foi. Inversement, il vit de la falsification de l’Histoire, de l’effacement du passé, de son élimination chez les nouvelles générations. Afin qu’il n’y ait personne qui, devant la cathédrale de Chartres, soit capable de reconnaître les images du Christ et des Saints. Afin que personne ne sache que dans la Sainte Chapelle était conservée l’ampoule du Saint Chrême portée par un Ange pour consacrer les Rois de France. Afin que personne ne puisse connaître leurs gestes, ne trouve leur tombe, ne comprenne les trésors de l’art et de la littérature qui ont fait la grandeur des Nations Catholiques. L’effacement de la culture révèle la radicale inconsistance ontologique du mondialisme face à la splendeur de la civilisation Chrétienne.

Le monde globaliste n’a pas d’avenir. Ou plutôt : l’avenir qu’il entend nous réserver est le plus sombre et le plus terrifiant que l’esprit humain puisse concevoir. L’avenir qu’il nous présente est faux et irréalisable. «  Je n’ai pas de maison, je ne possède rien et je suis heureux », tentent de nous convaincre Schwab et les promoteurs de l’Agenda 2030. Mais leur but n’est pas de nous rendre heureux – ce qui ponctuellement n’arrivera pas, bien sûr – mais de nous confisquer notre maison et nos biens. Quand ils nous parlent de pacifisme et de désarmement, ce n’est pas parce qu’ils veulent la paix, mais parce qu’étant désarmés et sans idéaux, nous nous laisserons envahir et dominer sans réagir. En nous imposant l’accueil et « l’inclusivité » – en adoptant un lexique d’initiés – ils ne veulent pas que nous accueillions et intégrions réellement des personnes d’autres cultures et religions, mais ils veulent créer les prémisses du désordre social et la conséquente disparition de nos traditions et de notre Foi. Quand ils nous parlent de « résilience », ils ne nous disent pas qu’ils nous protégeront des sinistres qui nous menacent, mais que nous devons nous résigner à les absorber sans protester. Quand ils nous accusent d’extrémisme ou de fondamentalisme, c’est seulement parce qu’ils savent que les fidèles et les citoyens aux idéaux nobles et saints peuvent résister, organiser une opposition, répandre la dissidence. Et lorsqu’ils nous imposent une inoculation de masse avec un sérum génique dépourvu d’efficacité mais aux nombreux effets indésirables graves et mortels, ils ne le font pas pour notre santé, mais pour modifier notre ADN et nous rendre malades chroniques, avec un système immunitaire définitivement compromis et une espérance de vie inférieure à la moyenne des personnes en bonne santé. Et pour introduire dans notre organisme – comme nous l’avons appris de la plainte récemment déposée par Maître Carlo Alberto Brusa – des nanostructures auto-assemblantes au graphène, capables de nous rendre géolocalisables, militaires compris.

Ne vous attendez jamais à la vérité de la part des partisans du Great Reset. Car là où il n’y a pas le Christ, il ne peut y avoir la Vérité, et nous savons combien ils ressentent de la haine pour Notre-Seigneur. Une haine qu’ils ne peuvent cacher, qu’ils exhibent dans les spectacles d’inauguration des événements européens (pensons à l’inauguration du tunnel du St Gothard ou aux Jeux Olympiques de Londres, et tout récemment à l’inauguration des Jeux du Commonwealth à Birmingham), dans les « recommandations » de ne pas célébrer Noël et de ne pas utiliser de noms chrétiens pour nos enfants. Leur haine devient meurtrière lorsqu’ils théorisent l’avortement comme un « droit de l’homme », cachant son atrocité derrière l’expression hypocrite de « santé reproductive » : parce que c’est la vie qu’ils détestent, dans laquelle ils voient l’image et la ressemblance de ce Dieu qu’ils ont perdu à jamais.

Cette image et cette ressemblance sont beaucoup plus profondes qu’on ne le croie. Elles consistent en la dimension trinitaire de l’homme, avec ses facultés qui se réfèrent aux Trois Personnes Divines : la mémoire (le Père), l’intelligence (le Fils), la volonté (l’Esprit Saint). Et tout comme dans la Très Sainte Trinité, l’Esprit est l’Amour qui procède du Père et du Fils, de même chez l’homme la volonté est la faculté qui provient de la mémoire des choses passées et de la compréhension des choses présentes. Ce n’est pas un hasard si, dans le renversement infernal du monde contemporain, l’homme se retrouve privé de ses souvenirs, de son histoire et de ses traditions (pensez à la Cancel Culture et aux demandes de « pardon » pour des actions de notre passé, falsifiées ou déformées), incapable d’exprimer un jugement critique (pensez à la dissonance cognitive générée par la psychopandémie) et incapable d’ordonner sa volonté en la subordonnant à l’intelligence (pensez à l’incapacité de réagir face au mal imposé ou au bien dont nous sommes privés).

La société moderne, avec sa fable concernant la démocratie, nous a appris à penser que nous pouvons éventuellement être catholiques, peut-être même traditionalistes, tant que nous ne remettons pas en question le fait que l’égalité des droits doit être reconnue à quiconque. Il faut respecter les idées des autres, nous disent-ils. Mais dans la sphère métaphysique, dans l’éternité de Dieu, cette bataille entre le Bien et le Mal n’a rien de profane ou d’œcuménique : elle est réelle, comme réelles sont les armées déployées, celle de la Civitas Dei et celle de la civitas diaboli. Les anges du Paradis et les esprits apostats de l’enfer n’ont rien à faire de l’irénisme conciliaires : ils mènent une bataille dans laquelle il faut arracher autant d’âmes que possible à l’adversaire. Les Saints qui intercèdent pour nous n’ont pas lu Fratelli Tutti, et la balance de saint Michel n’est pas calibrée sur la « morale du cas par cas » ou « éthique de la situation » d’un jésuite hérétique ou sur les contorsions pastorales du chemin synodal.

Cessons d’être politiquement corrects, toujours pris par la crainte que nos convictions puissent déranger les consciences sensibles de ceux qui n’hésitent pas à déchirer une créature sans défense dans le sein de sa mère ou à étouffer les personnes âgées et les malades dans leur sommeil. Nous avons trop souvent été silencieux face à des choses qui ne devraient même pas être mentionnées – de la normalisation des vices aux transgressions les plus dégradantes. Pourtant, en tant que Catholiques, nous devrions savoir que Dieu est vivant et vrai en dépit des athées, et que le Christ exerce les titres de souveraineté sur nous en tant que notre Créateur et Rédempteur en dépit des libéraux. Si nous ne sommes pas persuadés de ces réalités, nous ne pouvons même pas comprendre l’action de l’ennemi, qui est parfaitement conscient de cette réalité. Si nous ne sommes pas persuadés de ces réalités, nous ne donnerons aucun exemple crédible à ceux qui, par nos paroles et nos actions, pourraient ouvrir les yeux et se rendre dociles à la Grâce. Il est difficile de croire ceux qui n’aiment pas ce qu’ils professent, tout comme il est difficile de donner foi aux modernistes, qui par leur comportement dépourvu de charité désavouent leurs vains discours. Il est impossible de croire ceux qui nous demandent de manger des sauterelles et des cafards pour sauver la planète, alors qu’ils se nourrissent de précieux morceaux de bœuf de Kobe, ou d’abandonner la voiture diesel, alors qu’ils se déplacent en jet privé (il y en a des centaines à Davos lors des sommets du World Economic Forum !)

Nous devons redécouvrir cette dimension de réalisme et d’objectivité, qu’ils nous ont fait perdre pas à pas, ou dont ils nous ont appris à avoir honte. Nous sommes milites Christi, soldats du Christ, appelés à combattre un ennemi qui voudrait nous frapper dans le dos ou nous faire déserter lâchement, parce qu’il sait que lorsqu’il nous combat ouvertement, derrière nous il trouve la Vierge Immaculée, terribilis ut castrorum acies ordinata. Cette Mère que l’Ennemi déteste dans toutes les mères de la terre, cette Épouse de l’Agneau qu’il vilipende en attaquant le caractère sacré du Mariage et des vertus domestiques, cette Femme qu’il humilie en défigurant la féminité ou en en faisant une parodie obscène.

La doctrine mondialiste est essentiellement satanique, parce qu’elle est l’application sociale et globale la plus directe et la plus implacable de la rébellion de Satan. Nous y trouvons cette hybris, ce défi au Ciel que la civilisation classique – encore païenne mais préordonnée à l’avènement du message du Christ dans la plénitude des temps – avait sagement stigmatisé et qui nous ramène à la rébellion de Lucifer. L’hybris, le fol orgueil de ceux qui se croient comme Dieu et usurpent les attributs divins, conduit aujourd’hui la science à nier sa vocation au service du bien pour la mettre au service du Nouvel Ordre, pour accomplir avec le progrès technologique ce qui était impensable dans le passé : effacer la séparation entre l’homme et la machine, entre son esprit et l’intelligence artificielle.

Il n’est donc pas surprenant que le transhumanisme soit l’un des points essentiels de l’Agenda 2030. Derrière ce projet fou de mettre la main sur la Création et même d’oser altérer le sanctuaire de la conscience dans lequel seul Dieu descend avec sa Grâce ; derrière ce plan de violer l’être humain pour « le rendre plus performant » il y a, une fois encore, une aberration doctrinale, un mensonge opposé à la Vérité de Dieu. Créer un être immortel – comme certains le voudraient – est la réédition technologique d’un délire infernal, à la base duquel se trouve la présomption de pouvoir effacer dans l’homme les conséquences du Péché Originel. Là où le péché d’Adam a apporté la mort et la maladie, la tromperie du transhumanisme promet l’immortalité et la santé ; là où il a conduit à l’affaiblissement de l’intelligence et au mauvais penchant de la volonté, la fraude de l’homme-machine promet l’accès à la connaissance et la possibilité d’être à soi-même sa propre loi. Là où le péché a conduit à la fatigue du travail, à la guerre et aux épidémies, la dystopie mondialiste promet un revenu universel, la paix et la prévention de toutes les maladies. Mais la mort, la maladie, l’affaiblissement de l’intelligence et le mauvais penchant de la volonté, la fatigue du travail, la guerre et les épidémies, sont la juste punition de l’offense infinie que toute l’humanité, dans ses Progéniteurs, a causée à la Majesté de Dieu en Lui désobéissant. Celui qui s’illusionne croyant qu’il n’y a pas de conséquences à cette désobéissance, ne veut pas accepter sa déchéance ni reconnaître l’œuvre de la Rédemption de Jésus-Christ, venu sur terre propter nos homines et propter nostram salutem, mort sur la Croix pour nous racheter du joug de Satan.

C’est là que réside la véritable perspective théologique, à partir de laquelle considérer la crise de la société et de l’Église. Le délire du transhumanisme ne vise pas à rendre la course de l’athlète plus rapide ou la visée du soldat plus précise, mais à corrompre l’homme dans le corps, après l’avoir frappé dans l’âme. Satan ne se résigne pas à la défaite, d’autant plus terrible qu’en elle a resplendi l’obéissance de Notre Seigneur au Père Éternel, en opposition à l’orgueil du Non serviam luciférien. Et si Dieu, par les chemins de la Grâce, parvient à toucher les âmes et à les ramener à Lui, les restituant à la vie éternelle, Satan s’acharne aujourd’hui sur les corps, pour contaminer l’œuvre du Créateur et défigurer la créature. Son œuvre dévastatrice s’étend également au reste de la création, avec des résultats abominables qui prétendent rivaliser avec la magnificence de Dieu.

Tel est le combat entre le Bien et le Mal, qui, depuis la création d’Adam, inclut également les êtres humains, appelés à choisir dans quel camp se ranger. Parce que la neutralité est déjà une alliance avec ceux qui méritent la défaite. Nous savons à quel point l’ennemi du Nouvel Ordre Mondial est puissant et quelle est son organisation. Nous savons aussi ce qui le meut et ce qu’il veut accomplir. Mais c’est précisément pour cette raison que nous savons que ses victoires ne sont qu’apparentes et vouées à l’échec ; et que notre devoir, dans cette guerre déjà gagnée par le Crucifié, est de choisir dans quel camp nous voulons nous ranger et combattre, en ouvrant avant tout les yeux sur les mensonges que l’information grand public nous fait avaler.

Comprendre qu’il peut y avoir de personnes vouées au mal, qui choisissent délibérément de se ranger du côté de Lucifer contre Dieu est le premier pas à faire si nous voulons résister au gigantesque coup d’État en cours. Ces personnes constituent, d’une certaine manière, le « corps mystique » de Satan et agissent pour propager le mal dans le monde et effacer le nom du Christ : tout comme le Corps mystique du Christ, qui est l’Église, agit dans la Communion des Saints pour propager la Grâce et glorifier le Nom de Dieu. Encore une fois, civitas diaboli et Civitas Dei. Si nous pensons que l’urgence pandémique a été gérée par des incompétents et non par des exterminateurs cyniques, nous sommes complètement sur la mauvaise voie. Tout comme nous le sommes si nous croyons que nos dirigeants ne sont pas soumis à cette élite de criminels, d’usuriers et de subversifs, alors qu’ils ont fait carrière grâce à eux.

Il fut un temps où il était normal que les sujets d’un royaume chrétien vivent conformément aux Commandements divins, dans lequel soient interdits l’avortement, le divorce, la sodomie, l’usure. Ce monde, grâce au travail lent et patient des conspirateurs, a été remplacé par celui-ci – qui n’est pas encore complètement le leur – dans lequel règnent des pouvoirs qui ne tirent leur légitimité ni de Dieu ni du peuple. Et ces pouvoirs empêchent tout ce qui était auparavant encouragé et récompensé, et encouragent ce qui était interdit et puni.

Si dans la Civitas Dei règne le Christ, qui règne dans la civitas diaboli, sinon l’Antéchrist ? Ainsi, si dans la bene ordinata respublica le vrai, le bien et le beau sont l’expression théologique des perfections de Dieu ; dans la république mondialiste le faux, le mal et le laid en sont la plus évidente manifestation. Au point de devoir devenir norme générale, loi de l’État, un précepte moral auquel il faut se conformer. Même dans ce cas, si vous y prêtez attention, une autre tromperie est proposée à nouveau : celle selon laquelle la tyrannie des souverains et du clergé, justifiée par la superstition papiste, aurait été définitivement effacée de la société révolutionnaire, pour être remplacée par le gouvernement du peuple sous les auspices de la déesse Raison. Aujourd’hui, nous voyons à quel point le Léviathan mondialiste et le Sanhédrin bergoglien sont tyranniques, unis par le fait d’avoir renié et trahi leur rôle de dirigeants de l’État et de pasteurs de l’Église.

Chers amis, votre tâche – comme celle que beaucoup de gens de bonne volonté accomplissent dans tant d’autres nations – est une tâche sacrée et très importante. C’est la tâche de reconstruire, de restaurer, d’édifier. Exactement le contraire de ce que les adeptes de la civitas diaboli savent faire, capables seulement de détruire, de démolir, d’accumuler des décombres. Et pour reconstruire, il faut repartir des fondations, qui sont les fondements de l’édifice social, en plaçant le Christ comme pierre angulaire, comme clé de voûte.

Rappelez-vous que cette génération perverse et corrompue n’a pas d’avenir : elle est victime de sa propre cécité, de sa propre stérilité, de sa propre incapacité à générer. Parce que donner la vie est une œuvre divine, et cela s’applique autant à la vie du corps qu’à celle de l’âme ; tandis que le diable n’est capable que de donner la mort, et avec elle le sourd désespoir de l’âme arrachée à sa fin ultime et suprême qui est Dieu.

Soyez en sûrs : le Nouvel Ordre Mondial ne prévaudra pas, soyez-en sûrs. Sa fureur dévastatrice qui voudrait réduire la population mondiale à un demi-milliard d’êtres humains ne prévaudra pas. Sa haine pour la vie à naître et pour la vie qui est en train de s’éteindre ne prévaudra pas. Son plan de tyrannie ne prévaudra pas. Car c’est précisément dans la privation du Bien que nous réalisons le prix de ce qui nous a été enlevé et trouvons la détermination et la force de nous battre et de résister. L’apostasie qui afflige la Hiérarchie Catholique, devenue servante du monde, ne prévaudra pas non plus : les semeurs de discorde et d’erreurs qui infestent nos églises s’éteindront inexorablement, laissant vides les cathédrales et les églises, déserts les couvents et les séminaires qu’ils ont occupés il y a soixante ans avec la fausse promesse du printemps conciliaire. Parce que derrière tout cela, il y a toujours la fraude et la malice du Menteur.

+ Carlo Maria Viganò, Archevêque

Chers amis,

Je suis très heureux de cette opportunité qui m’a été accordée de participer à cette édition de votre Université d’Été. Avec émotion… c’est pour moi un grand honneur de pouvoir offrir mes plus chaleureuses salutations aux militants de Civitas, en commençant par votre Président, M. Alain Escada, le Secrétaire Général, M. Léon-Pierre Durin, votre cher Aumônier, le Père Joseph, ainsi que les Capucins de la Résistance.

En combattant pour le rétablissement du Règne Social de Notre-Seigneur Jésus-Christ et en luttant contre l’oligarchie maçonnique et contre la secte de Davos, Civitas se trouve – tel David contre Goliath – au cœur du combat de l’Alliance anti-mondialiste que j’ai appelée de tous mes vœux.

Je ne peux que me réjouir de savoir que la Suisse, la Belgique, l’Italie, le Canada, l’Espagne aient désormais également fondé à l’exemple de la France des antennes sur leur territoire et je crois hautement souhaitable que la même initiative puisse s’étendre partout. Il est temps que les Catholiques de toutes les latitudes s’unissent pour faire front commun contre la tyrannie mondialiste.

La maison bâtie sur le Roc c’est l’Église Catholique et la Civilisation chrétienne. C’est aussi la France baptisée à Reims par Saint Rémi, édifiée dans l’alliance du Trône et de l’Autel le jour du sacre de Clovis, roi des Francs.

Il ne peut y avoir de remède aux maux de notre temps que dans le Règne Social de Notre-Seigneur Jésus-Christ, dans une société réconciliée avec Dieu, L’honorant, et confessant publiquement la Foi Catholique reçue des Apôtres et fidèlement transmise par la Sainte Église au long des siècles.

Telle est la véritable contre-révolution.

Chers amis, gardez au cœur et à l’esprit l’exemple des Martyrs pour préserver la Chrétienté et promouvoir le Règne Social de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Ces martyrs qui ont fécondée de leur sang l’avenir de l’Église, de la société et des peuples ! Il ne peut y avoir de société juste et prospère là où ne règne pas le Christ-Roi, qui est le Prince de la Paix. Car la Paix du Christ ne peut exister que dans le Royaume du Christ : Pax Christi in Regno Christi.

Comme M. Durin m’en a informé, je sais que vous voulez me poser quelques questions.

Question : Excellence, Vatican II a eu lieu il y a plus de 60 ans, la destruction de la liturgie il y a 50 ans, Assise il y a presque 50 ans ; après 60 ans de désastre religieux et politique où tout a été détruit, où les catholiques fidèles sont méprisés, voire injustement condamnés, vous devenez à 80 ans passés un anti-conciliaire acharné. Pourquoi n’agissez-vous que maintenant ?

Mgr Viganò : J’ai déjà eu l’occasion de témoigner dans mes interventions passées ce qu’a été mon parcours de prise de conscience progressive de la crise qui afflige l’Église Catholique et des causes profondes de l’apostasie actuelle. Comme je l’ai dit alors, mon engagement dans le service diplomatique du Saint-Siège, (d’abord comme jeune secrétaire dans les Représentations Pontificales en Irak et au Koweït, puis à Londres ; à la Secrétairerie d’État ; et ensuite comme Chef de Mission à Strasbourg au Conseil de l’Europe ; puis comme Nonce Apostolique au Nigéria ; et de nouveau à la Secrétairerie d’État en tant que Délégué pour les Représentations Pontificales, puis comme Secrétaire Général du Gouvernorat et enfin en tant que Nonce Apostolique aux Etats-Unis) mon engagement – je disais – au service du Saint-Siège, que j’ai essayé d’exercer avec dévouement en y consacrant la totalité de mon temps et de mes forces, m’a complètement absorbé rendant pratiquement impossible une réflexion approfondie des événements qui se déroulaient dans l’Église.

Cela ne m’avait cependant pas empêché de nourrir de fortes perplexités intérieures et même des critiques par rapport aux « nouveautés » introduites après le Concile. Je pense particulièrement aux graves abus liturgiques, à la crise de la vie religieuse, je pense au panthéon d’Assise, aux déplorables demandes de pardon pour les Croisades, par exemple, pendant le Jubilé de l’An 2000. Je pense aussi à ce que j’avais pu percevoir comme jeune étudiant à l’Université Grégorienne à Rome. Je percevais que tout cela découlait des nouveaux principes posés par le Concile.

Mais ce n’est que beaucoup plus tard, devant les gravissimes scandales de l’alors Cardinal McCarrick et de tout son réseau homosexuel, et devant les scandales plus graves encore de Bergoglio, que le lien intrinsèque entre la corruption doctrinale et la corruption morale m’est apparu en toute son évidence, ainsi que les causes profondes de la crise qui sévit depuis des décennies dans l’Église, engendrée par la révolution conciliaire.

Et je n’ai pas pu garder le silence.

La catastrophe était prévisible dès le début. Mais comme je l’ai expliqué, nous avions été formés – dans notre formation au ministère sacerdotal et encore plus dans celle en vue du service diplomatique – à considérer impensable que le Pape et l’ensemble de la Hiérarchie catholique pouvaient abuser de leur autorité en l’exerçant pour un but contraire à celui que Notre-Seigneur a voulu pour son Église. Nous avions été éduqués à ne pas mettre en question l’autorité des Supérieurs. Et cela a été exploité par ceux qui, justement en exploitant notre obéissance et notre amour pour l’Église du Christ, nous ont lentement, pas à pas, conduits à l’acceptation de nouvelles doctrines, étrangères à celles que la Sainte Église avait toujours enseignées, surtout en ce qui concerne l’œcuménisme et la liberté religieuse.

D’ailleurs, de même que dans l’Eglise la deep church s’est étendue par degrés vers la dissolution du corps ecclésial, de même dans la sphère civile le deep state s’est développé de manière je dirais similaire, par une infiltration progressive atteignant les formes tyranniques du Nouvel Ordre Mondial, du World Economic Forum et de l’Agenda 2030.

Dans ce cas également on pourrait se demander : Pourquoi les citoyens ne se sont-ils pas rebellés contre la subversion de l’État par des séditieux qui ont pris le pouvoir dans le but de détruire les institutions qu’ils auraient dû servir en vue du bien commun ?

Beaucoup répondraient : Nous ne pouvions pas imaginer leur dessein pervers, leur projet de faire de nous des esclaves d’un système inique. Nous ne pouvions pas croire que quand ils parlaient de démocratie ou de souveraineté populaire, ils voulaient nous soumettre progressivement à un pouvoir totalitaire radicalement anti-chrétien.

Je considère que le fait de n’avoir pas compris hier la nature du processus révolutionnaire en cours, pourrait être excusable ; en revanche ne pas comprendre aujourd’hui est irresponsable et fait de nous les complices d’un coup d’état mondial dans les choses temporelles et de l’apostasie dans la sphère ecclésiale.

Remercions donc ceux qui bien avant nous, de leur voix prophétique ont lancé l’alarme sur la menace qui pesait à la fois sur la société civile et sur l’Église catholique.

Question : Merci Monseigneur, je vous pose une deuxième question : Que pensez-vous de Mgr Lefebvre et de son combat, particulièrement dans son acte si controversé tel les Sacres de 1988 ?

Mgr Viganò : Je ne puis regarder Mgr Lefebvre qu’avec admiration et beaucoup de gratitude pour sa fidélité et son courage. Un courage et une fidélité à toute épreuve face à tant d’adversités, d’hostilités, et même d’acharnement de la part d’une Hiérarchie gagnée aux idées de la modernité et infiltrée par les partisans maçonniques d’un projet de destruction capillaire, sans précédent, dont nous réalisons aujourd’hui toute la portée dévastatrice dans ses extrêmes conséquences.

Mgr Lefebvre doit être regardé comme un saint homme, non comme un schismatique ! Comme un fervent missionnaire et un confesseur de la Foi, un zélé défenseur de la Tradition, du Sacerdoce et de la Messe catholique. Il s’est exposé à de graves sanctions, jusqu’à l’excommunication, parce qu’il estimait plus juste de devoir obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes, de garder et transmettre la Tradition plutôt que d’embrasser les doctrines modernistes.

Sa vie est marquée par la piété, l’esprit de sacrifice, le sens du devoir, la droiture de la conscience et par une grande cohérence intérieure. La sienne est une vie donnée à Dieu et à l’Église, dévouée au service des âmes, à l’évangélisation, à l’enseignement et à la prédication de la saine Doctrine, à la célébration du Saint Sacrifice et à la formation de jeunes hommes appelés au Sacerdoce.

Une vie qui est toute entière un témoignage rendu à la solidité de la Foi que nous ont transmis les Apôtres, les Pontifes, les Conciles et les Saints Docteurs de la Foi et pour laquelle les Martyrs ont versé leur sang.

Certains jugent les Sacres de 1988 comme « un pas de trop ». D’autres, y reconnaissent une nécessité vitale pour la sauvegarde de la Messe de toujours.

Mgr Lefebvre a saisi l’urgence du temps que nous vivons et le drame d’une situation qui s’est encore aggravée et a pris de nouveaux accents de gravité avec de nouveaux accents de gravité durant ces dernières années, rendant plus évident l’état d’exception dans lequel nous nous trouvons.

Certains parlent de désobéissance, nous parlons de fidélité !

Mgr Marcel Lefebvre a continué d’enseigner et de faire ce que la Sainte Église a toujours fait et enseigné. Il s’est opposé au libéralisme, à la destruction de la Messe et de tout l’édifice liturgique de l’Église, à la ruine du Sacerdoce, de la vie religieuse et des mœurs chrétiennes.

Je le redis : certains parlent de désobéissance, nous nous parlons de fidélité !

Question : Merci Monseigneur, je vous pose une dernière question avant de vous rendre la parole pour un petit mot final. Excellence, pourriez-vous nous expliquer en quelques mots le projet de Fédération anti-mondialiste dont vous avez parlé, comment y participer concrètement ?

Mgr Viganò : L’Alliance anti-mondialiste est un appel que j’ai lancé en novembre dernier, conscient de la très grave menace, sans précédent, qui pèse sur l’humanité entière à cette heure de l’Histoire. Conscient aussi de l’urgence de constituer partout un front de résistance visant à contraster le coup d’état planétaire orchestré par une élite très puissante en vue de l’établissement d’un Nouvel Ordre Mondial, inhumain et antichristique.

Je n’ai jamais eu la prétention de devenir le leader d’un mouvement ni d’assumer son organisation. Tel un semeur, j’ai jeté aux quatre vents la semence, afin qu’elle soit sagement recueillie et qu’elle puisse fructifier. Je ne saurais mesurer l’état de sa germination.

La situation actuelle, tant au niveau des différentes Nations que sur l’échiquier internationale est très mouvante, sombre et difficile à déchiffrer. Nous savons seulement que nous devons nous préparer intérieurement aux évènements qui nous attendent et implorer du Ciel une intervention de Dieu.

Une seule chose est certaine : il est impossible de résoudre la crise civile et ecclésiale dans laquelle nous sombrons avec des moyens humains. L’homme doit tout d’abord s’agenouiller devant son Dieu et son Roi, Notre-Seigneur Jésus-Christ. Les Nations et les Peuples doivent reconnaître sa Seigneurie, et l’Église la première doit restituer au Roi la Couronne que des usurpateurs Lui ont ôtée. Remettons donc le Christ au centre de nos cœurs et au centre de tout, Lui qui est l’Alpha et l’Omega. Recherchons d’abord le Royaume et sa Justice, et tout le reste nous sera donné par surcroît.

M. Durin : Merci Excellence, dommage que vous ne voyiez pas les gens dans la salle, et leur joie d’avoir entendu un vrai évêque leur parler, leur redire les vérités éternelles de l’Église. Merci encore de la part des Capucins, des Dominicains d’Avrillé qui sont là, de Monsieur l’Abbé Morgan qui est là avec nous. Merci pour tout Monseigneur, je vous redonne une dernière fois la parole en vous remerciant très personnellement de tout ce que vous avez fait pour nous.

Mgr Viganò : Cher Monsieur Durin, moi aussi, je regrette beaucoup de ne pas avoir la possibilité de vous voir et surtout d’être avec vous en cette heureuse circonstance dans laquelle vous êtes réunis, pour rendre grâce, pour prier ensemble la Vierge Marie en cette veille de la Fête de son Assomption, Elle qui est la Patronne principale de France. Renouvelons donc notre acte d’Espérance et tournons notre regard vers des choses d’en-haut. Soutenus par la protection et l’intercession maternelles de la Vierge Marie, la Femme revêtue de Soleil qui écrase sous ses pieds la tête du Dragon infernal, nous pouvons persévérer dans les combats d’ici-bas, avec un surcroît de force et de courage, mais aussi d’humilité et de confiance. Et, très volontiers, je vous bénis tous : Benedicat vos omnipotens Deus Pater et Filius et Spiritus Sanctus, Amen.

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