In azymis sinceritatis

Mgr. Carlo Maria Viganò

In azymis sinceritatis

Homélie pour le Dimanche de la Résurrection

Fratres: Expurgate vetus fermentum
ut sitis nova conspersio, sicut estis azymi.
Etenim Pascha nostrum immolatus est Christus.
Itaque epulemur: non in fermento veteri,
neque in fermento malitiæ, et nequitiæ:
sed in azymis sinceritatis et veritatis.

I Cor 5, 7-8

 

Le monde moderne est l’otage du mensonge. Tout ce qui est théorisé par l’élite, affirmé par les institutions et propagandé par les médias n’est que mensonge, fausseté et tromperie.

Mensonge l’urgence psychopandémique d’un virus créé en laboratoire en fonction d’une vaccination de masse aussi inefficace que nocive pour la santé. Mensonge la théorie du genre, qui nie la distinction des sexes voulue par le Créateur et cherche à effacer dans l’homme l’image et la ressemblance de Dieu. Mensonge le changement climatique, basé sur la fausse hypothèse d’une crise climatique d’origine humaine et sur la chimère encore plus fausse que la réduction du CO2 dans certains pays puisse changer le moins possible la température de la terre. Mensonge la crise ukrainienne, provoquée pour détruire le tissu social et économique des pays européens par des sanctions déraisonnables contre la Fédération de Russie. Mensonge l’Agenda 2030 imposé par une bande de subversifs afin d’asservir l’humanité. Mensonge l’idéologie woke, cause de l’effacement de notre identité, de notre Histoire, de notre Foi pour imposer la religion infernale du Nouvel Ordre Mondial, la barbarie de la Grande Réinitialisation.

Ce qui est le plus déconcertant, c’est que cette fraude contre les peuples – perpétrée par ceux qui, constitués en autorité, devraient au contraire les protéger et les défendre – a également infecté le corps ecclésial, où d’autres mensonges non moins graves corrompent la pureté de la Foi, offensent la Majesté divine et provoquent la damnation de tant d’âmes, que le Seigneur a chèrement payées en les rachetant de son précieux Sang. Mensonge l’œcuménisme qui abaisse le Dieu vivant et vrai au niveau des idoles des nations. Mensonge le chemin synodal qui subvertit la constitution divine de l’Église voulue par le Christ, sous le faux prétexte d’écouter le peuple de Dieu. Mensonge la réforme liturgique, introduite sous prétexte de rendre la Messe compréhensible pour les fidèles, dans le seul but d’enlever l’honneur à Dieu et de plaire aux hérétiques. Mensonge le diaconat féminin qui, avec l’alibi de donner un rôle aux femmes, attaque la Messe et les Sacrements et altère les ordres sacrés institués par Notre-Seigneur. Mensonge la possibilité pour les divorcés et les concubinaires de recevoir la Communion, mensonge les bénédictions des unions homosexuelles, mensonge l’entrée des transsexuels dans les Séminaires : la morale ne suit pas les modes, quoi qu’en dise Bergoglio. Mensonge l’acceptation de la sodomie, qui semble trop souvent vouloir légitimer la conduite de nombreux prélats et clercs, plutôt que de sauver les âmes des pauvres pécheurs.

Ces mensonges ont l’effronterie de se manifester comme tels, comme des mensonges évidents, dépourvus d’arguments rationnels et crédibles. Ce ne sont pas les mensonges avec lesquels on essaie maladroitement de cacher quelque chose : mais c’est l’affirmation arrogante de la mystification, de la subversion de la logique, de la négation de la vérité.

Mais pourquoi tant de gens choisissent-ils volontairement d’abandonner leur jugement critique et d’accepter des mensonges flagrants comme raisonnables et vrais ? Parce que l’adhésion à l’erreur est le prix que le monde demande à ses adorateurs, à ceux qui ne veulent pas être marginalisés, criminalisés, persécutés. Et qui est le prince du mensonge, sinon Satan, le menteur, qui a été meurtrier depuis le commencement ? Satan, qui a tenté nos premiers parents avec un mensonge non moins effronté : Si vous mangez de ce fruit, vous serez comme des dieux. Et c’était un mensonge flagrant, devant lequel Adam et Ève ont choisi d’abdiquer la raison et de désobéir à Dieu afin de suivre une fausse promesse faite par une créature répugnante.

Ce fut aussi un mensonge ce que Satan a promis à Notre Seigneur quand Il L’a tenté dans le désert : Tout cela sera à toi… pour quelque chose dont le Christ n’était pas seulement maître, mais aussi Créateur.

Dans l’Épître de la Messe de ce jour très saint, au cours de laquelle nous célébrons la glorieuse Résurrection de Notre-Seigneur Jésus-Christ d’entre les morts, l’Apôtre nous exhorte à éliminer le vieux levain : expurgate vetus fermentum. Ceux qui sont familiers avec les anciennes procédures de préparation du pain savent que le levain est cette portion de farine et d’eau qui lève par fermentation. Il peut être stocké pendant des décennies, périodiquement réapprovisionné avec de la nouvelle farine et de l’eau neuve, de sorte que le pain d’aujourd’hui est substantiellement lié à tous les pains précédents remontant dans le temps. Mais si le fermentum est vetus, si la levure est vieille, cela affecte la nouvelle pâte et le nouveau pain. Purger l’ancien levain signifie recommencer à zéro, effectuer une véritable grande réinitialisation de l’âme de chacun et du corps social, effacer le ferment de la malice et de la perversité, et recommencer avec le pain azyme, sans levain, figure de la Très Sainte Eucharistie et Sacrement de la nouvelle et éternelle Alliance stipulée par le Christ avec son Église, nouvelle dans la Grâce et non soumise aux mutations du temps, des modes, des circonstances.

C’est pourquoi saint Paul parle des azymes, du pain sans levain. Pain d’austérité, pain de ceux qui n’ont pas le temps de garder le levain vivant, de ceux qui se préparent, les reins ceints, à consommer l’Agneau sans tache et les herbes amères avant de quitter la terre d’Égypte et de traverser la Mer Rouge. La réinitialisation, la nouvelle Création, la nouvelle Pâque s’accomplissent dans le Christ, unique Vérité, indispensable, éternelle, Verbe vivant et vrai du Père éternel. La vraie réinitialisation est de revenir à la Vérité du Christ, de Celui qui a dit de Lui-même : Je suis le chemin, la vérité et la vie. Une Vérité qui est, alors que l’erreur est un non-être. Une Vérité qui exige de nous la sincérité – in azymis sinceritatis – comme réponse nécessaire devant la lumière de la Vérité – et veritatis.

Satan, le singe de Dieu, imite grotesquement la Création en se livrant à des monstruosités que toute personne sensée reconnaît comme telles. Il imite la Rédemption de manière encore plus grotesque, promettant aux hommes qu’il tente un bien qui lui est inconnu et qu’il ne possède guère, demandant en retour de le reconnaître comme dieu. Nous devons reconnaître son mensonge, nous devons le rejeter et le combattre.

Si nous luttons pour la Vérité – pour toute vérité, pas seulement la vérité théologique – nous nous tenons du côté du Christ ; du côté de Celui qui n’a pas menti quand Il a annoncé sa Mort et sa Résurrection aux Apôtres.

Si, d’autre part, nous choisissons de ne pas nous battre pour la Vérité, ou même de permettre que l’erreur soit proclamée ou que nous la répandons nous-mêmes, nous prenons le parti de Satan, prince du mensonge, du côté de celui qui promet et ne garde pas, dans le seul but de nous entraîner dans cet abîme de damnation dans lequel il a choisi de sombrer quand, péchant par orgueil, il a cru pouvoir se mettre à la place de Dieu et décider ce qui est et ce qui n’est pas, c’est-à-dire ce qui est vrai et ce qui est faux, ce qui est bon et ce qui est mauvais, ce qui est beau ou ce qui est laid. Et en fait, le monde infernal dans lequel nous sommes en train de nous précipiter est fait de mensonge, de méchanceté, de laideur. Il ne peut en être autrement.

Satan est appelé prince de ce monde, et ce n’est pas par hasard : il n’est pas roi ; son pouvoir est éphémère et permis par Dieu jusqu’à ce que le temps de l’épreuve soit terminé et que le temps du jugement arrive. Il n’en est pas autrement pour ses serviteurs. Même si leur puissance semble nous submerger, même si les moyens à leur disposition semblent illimités et écrasants, leur fin approche inexorablement, alors que le Christ se réapproprie son Royaume universel. Oportet illum regnare, il faut que cela arrive, c’est dans l’ordre voulu par Dieu et personne, pas même l’Enfer, ne peut prolonger d’un seul instant le triomphe apparent du mal.

Il y a seulement deux jours, nous avons contemplé les Mystères de la Passion et de la Mort du Seigneur, après les manœuvres du Sanhédrin, les caquètements de la foule, les tortures des bourreaux. Nous avons accompagné avec Joseph d’Arimathie et les saintes Femmes le corps sans vie de Jésus au Sépulcre. Nous sommes restés en prière dans le silence nu de nos églises. Mais ce consummatum est ne signifie pas « tout est perdu », mais « tout est arrivé à son accomplissement », c’est-à-dire « l’œuvre de la Rédemption est accomplie ».

Χριστὸς ἀνέστη, est la salutation pascale des Grecs : Christ est ressuscité. Ce à quoi nous répondons : Ἀληθῶς ἀνέστη, Il est vraiment ressuscité. Surrexit Dominus vere. Dans ce ἀληθῶς, dans ce vere, est contenue la réalité de la Résurrection du Sauveur, la vérité de cet événement historique dans lequel la Miséricorde de l’Homme-Dieu a réparé le péché d’Adam causé par le mensonge de Satan, qui a menti en accusant le Christ avec de faux témoins, qui ment encore pour essayer d’annuler les fruits de la Rédemption.

Aujourd’hui, après que les notes solennelles de l’Exsultet aient annoncé la gloire de la Résurrection, nous célébrons le triomphe du Christ sur la mort et le péché, Sa victoire sur Satan. Nous célébrerons également la victoire de l’Église et de la Civilisation chrétienne sur les ennemis terrestres, car le sort du Corps mystique a été décrété au moment où sa Tête divine a cloué l’ancien serpent sur la Croix. Mors et vita duello conflixere mirando : Dux vitæ mortuus, regnat vivus.

+ Carlo Maria Viganò, Archevêque

9 Avril 2023
Dominica Paschatis, in Resurrectione Domini

© Traduction de F. de Villasmundo

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