Et inimici hominis
Et inimici hominis domestici ejus
Combattre le satanisme du Nouvel Ordre : Les clés de la victoire
Conférence à l'Université d’été organisée par le mouvement politique Civitas
34Ne croyez pas que Je sois venu apporter la paix sur la terre ;
Je ne suis pas venu apporter la paix, mais une épée.
35Car je suis venu séparer le fils du père,
la fille de la mère, la belle-fille de la belle-mère :
36et les ennemis de l’homme seront ceux de sa maison.
Mt 10, 34-36
Permettez-moi, chers Amis, d’adresser mon salut à tous les organisateurs de cette nouvelle édition de l’Université d’été de Civitas, en particulier au Président Alain Escada ; aux conférenciers qui, par leurs interventions, clarifient les différents aspects de la crise civile et ecclésiale actuelle ; aux participants qui, par leur présence, confirment la détermination des bons Catholiques à mener le bonum certamen – le bon combat – sous la bannière du Christ-Roi. Ces rencontres de formation doctrinale, culturelle et sociale sont le signe d’un réveil des consciences et des cœurs : Quia hora est jam nos de somno surgere. Nunc enim propior est nostra salus, quam credidimus ; il est maintenant temps de nous réveiller du sommeil, car notre salut est plus proche maintenant que lorsque nous sommes devenus croyants (Rm 13, 11).
La cohérence du Bien
Comme il y a une cohérence du Bien, il y a aussi une cohérence du Mal. Le Bien, attribut substantiel de Dieu, a sa propre cohérence aussi en ce qui y participe : est cohérent avec le Bien l’amour de la mère qui prépare le goûter pour ses enfants ; la sollicitude du chef d’entreprise envers ses employés ; la préparation des leçons par le professeur ; le dévouement du médecin envers ses patients ; la disponibilité du prêtre dans le soin des âmes qui lui sont confiées. Même repasser une chemise, cultiver le jardin, organiser une conférence, célébrer un anniversaire avec des êtres chers devient cohérent avec ce que nous sommes, car nous nous comportons selon ce que nous sommes : Agere sequitur esse (l’agir suit l’être).
Ceux qui vivent dans le Bien et donc dans le Vrai ; ceux qui « respirent » le Bien – des célébrations à l’église aux fréquentations de personnes partageant les mêmes idées et à l’éducation en famille – n’ont pas besoin de vouloir faire le Bien, parce que cela vient spontanément dans une âme bonne. Et c’est exactement ce que la Grâce accomplit en nous, en rendant des actions en elles-mêmes moralement neutres – ou seulement humainement bonnes – des œuvres vertueuses, où l’habitude dans le Bien devient Vertu et imprègne toute notre vie ; et en ajoutant aux actions qui sont bonnes dans l’ordre naturel ce quid, ce quelque chose qui les élève dans l’ordre surnaturel en les dirigeant vers un but supérieur.
D’un autre côté, quand on aime le Seigneur, que peut-on désirer de plus beau et de plus épanouissant que de faire Sa Volonté ? Et quoi de plus motivant, dans nos relations avec le prochain, que de lui faire connaître ce Saint Vrai, qui est aussi suprêmement Bon et Juste ? Bonum diffusivum sui, selon l’adage scolastique : le bien est diffusif de soi, enclin à se répandre. Cela nous est démontré par l’œuvre du Créateur, qui à partir de rien fait naître toutes choses visibles et invisibles ; cela nous est confirmé par l’œuvre du Rédempteur, qui retire de l’abîme de l’offense à la Majesté divine l’homme rebelle en Adam, par le Sacrifice de l’Homme-Dieu.
La cohérence du Mal
Mais comme il y a une cohérence dans le Bien, il y a une cohérence dans le Mal. Et ces actions que nous jugeons apparemment sans gravité – si nous ne les contextualisons pas – se révèlent être les rouages d’un engrenage, peut-être insignifiants, mais qui lui permettent de fonctionner, et sans lesquels la machine se bloquerait.
C’est pourquoi le Mal – qui ontologiquement est un non-être, une absence de Bien – cherche à s’infiltrer dans nos âmes par petits pas, provoquant des chutes progressives, en s’assurant qu’il ne suscite en nous aucune inquiétude ni aucun remords ; puis il grandit et se développe comme un cancer. Et là où le Bien apporte plus de bien, le Mal appelle plus de mal, nous accoutumant à lui, et à tout ce vers quoi il nous entraîne.
Les plans infernaux de l’élite mondialiste – dont nous avons découvert la malice intrinsèque – sont eux aussi cohérents les uns avec les autres, parce qu’ils sont mus par la haine de l’Adversaire envers le Christ. Le projet de Bill Gates d’obscurcir le soleil et vacciner la population mondiale ; celui de George Soros de faire envahir les pays occidentaux par des hordes de musulmans et saper la famille naturelle en finançant les mouvements woke et LGBTQ ; le plan de Klaus Schwab pour nous forcer à manger des insectes ou à nous confiner dans les smart city de 15 minutes ; celui de Harari d’effacer l’idée d’un Dieu transcendant et réécrire une Bible « politiquement correcte » ; le projet de l’état profond de centraliser le contrôle des citoyens avec l’identité numérique, la monnaie électronique et la manipulation du vote ; celui de Bergoglio de transformer l’Église en une agence de l’ONU et du Forum Économique Mondial de Davos, ne sont pas des plans autonomes mis en œuvre sans aucun lien les uns avec les autres.
Dans tout ce qui s’est passé au cours des dernières décennies sous une forme plus souterraine et plus récemment de manière beaucoup plus évidente, nous pouvons reconnaître un esprit, une intelligence capable de donner une organisation apparemment infaillible et implacable. Car il nous faut l’admettre : ceux qui ont construit cette machine infernale, dans laquelle tous les engrenages semblent tourner parfaitement, font preuve d’une intelligence supérieure, angélique, voire : satanique.
La victoire apparente des méchants
Le constat de l’efficacité organisationnelle des méchants ne doit pas nous effrayer, ni nous faire renoncer à combattre leurs plans. En effet, je crois que c’est précisément cette « perfection », presque mécanique, sans âme, dans le camp ennemi qui finira par constituer sa propre condamnation : Simul stabunt, simul cadent, récite l’adage latin. Et il en sera exactement ainsi, car le triomphe du Mal est une fiction, une simulation, une mise en scène basée – comme tout ce qui vient de Satan – sur l’apparence et le mensonge.
Revenons un instant à Pâques de l’an 33. Plaçons-nous parmi ceux qui, à Jérusalem, furent témoins de la crucifixion de Jésus, après L’avoir vu accomplir miracles et guérisons. Même sur le Golgotha, en l’absence des Apôtres, la mise en scène de Lucifer devait marquer la défaite du Messie, la dispersion de Ses disciples, l’oubli de Son enseignement, le désaveu de Sa divinité. Mais précisément sur la Croix, instrument de mort et d’infamie, le destin de l’humanité est inversé par Celui qui, avec la mort du corps, a restauré la vie de l’âme, et qui, Se laissant clouer à ce bois, y clouait l’enfer. O mors, ero mors tua. Notre nature, blessée par le péché originel, ne se résigne pas à comprendre que la victoire du Christ s’accomplit selon la logique de la Charité et non de la haine, et qu’elle est d’autant plus inexorable et définitive qu’une plus grande marge d’action est laissée à Dieu, et combien moindre de la part de Ses enfants la confiance dans les moyens humains.
Satan l’illusionniste
Ne jugeons donc pas l’apparent « viver lieto de’ maligni » [la vie apparemment heureuse des méchants] du Psaume 36 comme un signe de défaite inévitable. Ce déploiement impressionnant de forces, cette scénographie si réaliste, ces chorégraphies impressionnantes constituent la seule ressource dans laquelle le grand Menteur peut puiser, et le seul moyen pour nous faire croire qu’il est puissant et invincible. Un grand magicien, c’est certain : mais en tant que tel, il peut nous étonner en tant qu’illusionniste, nous tromper avec ses tours, qui en dehors de la scène et à la lumière du soleil se montrent dans leur inconsistance pathétique. Le jeu du lapin extrait du chapeau – à savoir : le respect de l’environnement, la santé des citoyens, la fraternité universelle – ou le spectacle de la femme sciée en deux fonctionnent tant que le public reste à distance et se laisse tromper par la pénombre et les gestes théâtraux du magicien. En revanche, qui parmi les spectateurs d’un spectacle de « magie » ou parmi les passants qui s’attardent dans les couloirs du métro pour observer le jeu des trois boîtes pourrait croire que c’est la réalité ? Qui donnerait crédit à un Dr Dulcamara qui propose, comme dans l’œuvre de Donizetti, une drogue « odontalgique, liqueur admirable, puissant destructeur de souris et de punaises de lit ? » (Felice Romani, L’elisir d’amore, scène V, Dulcamara).
La fiction – ou plus précisément : la fraude à la vente, parce qu’il s’agit d’une vente frauduleuse – est la marque de fabrique du commerce de Satan. Achetez mon spécimen, je vous en fais presque cadeau. Ce marchand de pacotille, cet escroc – et avec lui tous ses serviteurs, non moins occupés à vendre leurs concoctions – fait penser à certains personnages qui, jusqu’à il y a quelque temps, sur les parkings des restaurants autoroutiers, offraient aux imprudents un magnétoscope pour quelques euros, qui s’avérait être un boîtier alourdi par une brique ; ou ceux qui, en échange d’une somme pour l’instruction notariale, promettent par courriel l’héritage d’un millionnaire africain à peine décédé. Mais si nous savons tous parfaitement que derrière ces promesses ronflantes ne se cache qu’une fraude contre nous, pourquoi y en a-t-il encore pour y croire ? L’efficacité du sérum expérimental à ARNm inoculé en vrac n’était-elle pas tout aussi manifestement fausse ? Le récit de la crise énergétique, obtenue en imposant des sanctions au plus grand exportateur européen de gaz naturel, n’est-il pas tout aussi ridicule ? La fraude environnementale n’est-elle pas grotesquement infondée ? Pourtant, en regardant autour de soi, il semble que beaucoup, voir une large majorité soit plus que disposée à croire les mensonges de ces Dulcamara, de ces bonimenteurs qui du Forum Économique Mondial ou de la Bill&Melinda Gates Foundation, de l’Union Européenne ou de l’Organisation Mondiale de la Santé vantent les vertus de leurs filtres miraculeux : revenu universel, abolition de la pauvreté, défaite des maladies, paix mondiale. Pour ensuite découvrir que nous devons payer ce revenu universel en nous endettant et en renonçant à la propriété privée, que leur « abolition de la pauvreté » conduit à la misère des individus et des Nations, que BigPharma veut que nous soyons des patients chroniques, que la paix du Nouvel Ordre Mondial signifie la guerre perpétuelle.
Comment cela a-t-il été possible ?
Beaucoup, ces dernières années, se sont demandés : Comment a-t-il été possible qu’une si grande partie de l’humanité ait pu consentir à tout cela ? Si nous regardons en arrière – en remontant aux années Quatre-vingt, par exemple, avant que la haute finance ne décide d’attaquer les nations européennes avec la privatisation des biens de l’État et avec la destruction définitive de la société et de la famille, déjà commencée bien avant – il nous semble presque impossible qu’en si peu de temps l’Ennemi ait pu avancer de façon aussi impressionnante sans susciter de réactions et de résistances significatives. Et si nous écoutons les paroles de ceux que Roncalli appelait prophètes de malheur, qui, dès les premières sessions de Vatican II, ont annoncé l’apostasie à laquelle le Concile conduirait, il semble impensable que leurs avertissements faisant autorité aient pu être ignorés et aient même mérité la condamnation et l’ostracisme de ceux qui les ont lancés, de la part des Pasteurs suprêmes.
Et nous revenons ici à la fraude, à l’adultération de la Foi, de la Morale, de la Liturgie, à la tromperie coupable de ceux qui, constitués en autorité, se révèlent les ennemis de ceux qu’ils devraient plutôt protéger, et les amis de ceux qu’ils devraient combattre ou convertir. Tromperie que la chimère d’une fraternité dépourvue de la paternité commune de Dieu ; tromperie que l’actuosa participatio qui a détruit le culte public en le protestantisant ; tromperie que le sacerdoce commun des fidèles, insinué frauduleusement au Concile pour affaiblir le Sacerdoce hiérarchique ; tromperie que la prétendue démocratisation de l’Église, que le divin Fondateur a voulu monarchique et qu’aucune autorité humaine ne pourra jamais changer ; tromperie que l’œcuménisme par lequel la divine Majesté est humiliée au niveau des prostitutions, comme l’Écriture appelle éloquemment les fausses religions. Tous les dieux des païens sont des démons (Ps 96, 5) et les sacrifices des païens sont offerts aux démons et non à Dieu (1 Co 10, 20).
La bonne question
Essayons de reformuler la question plus clairement : Comment a-t-il été possible que des peuples qui ont grandi dans l’héritage de la pensée grecque et romaine, à la lumière de la Révélation chrétienne et de la civilisation que celle-ci a engendrée, aient décidé de croire à un mensonge manifeste, à savoir que la paix, la concorde, la prospérité et le bonheur sont possible loin de Dieu, plus encore en se rangeant ouvertement du côté d’un Ennemi que le Christ a déjà défait et vaincu ?
En y regardant de plus près, nous aurions pu poser cette question aussi à Adam et Ève : Vous étiez dans le Paradis terrestre ; vous jouissiez de la familiarité du Seigneur et vous conversiez avec Lui ; vous ne souffriez ni la maladie ni la mort ; vous aviez une intelligence agile dans l’apprentissage et la compréhension ; vous n’étiez pas soumis à la convoitise de la chair… vous aviez tout, parce que vous aviez Dieu. Eh bien, comment avez-vous pu croire le Serpent, vous promettant qu’en désobéissant au commandement du Seigneur vous obtiendriez ce que vous aviez déjà ? quand il était évident qu’une créature rampante n’aurait jamais pu rivaliser avec la toute-puissance du Créateur ?
Nous trouvons des promesses similaires dans les tentations auxquelles Notre-Seigneur a voulu Se soumettre au désert : même dans ce cas, Satan offre au Maître de toutes choses les domaines de la terre qui Lui appartiennent déjà, osant Lui demander en échange un acte idolâtre d’adoration aussi absurde qu’impossible. Tout cela sera à toi, si en te prosternant tu m’adores (Lc 4, 7). A ces absurdités dictées par un esprit dévoyé et obstiné dans une volonté pervertie, le Seigneur répond en citant l’Écriture, sans même daigner argumenter leur fausseté. Parce qu’avec le diable il n’y a pas de discussion : c’est du temps perdu. Satan doit être chassé et tenu à l’écart.
Le péché de l’homme moderne et contemporain
La fraude colossale qui a été ourdie contre l’homme moderne n’est en rien différente de celle qui a marqué la chute de nos premiers parents : croire au mensonge en tant que tel, subvertissant l’ordre divin. Nous-même n’avons pas vraiment été trompés, car la tromperie était évidente dès le début : devenir sicut dii – comme des dieux – en mangeant l’arbre de la connaissance du Bien et du Mal ou prétendre que les amputations chirurgicales peuvent transformer un homme en femme ; offrir les premiers-nés à Baal ou les tuer dans le ventre de leur mère pour ne pas augmenter l’empreinte carbone est pratiquement identique. Ce que Satan nous demande, ce n’est pas tant d’accomplir une action répréhensible, mais de nous la faire faire en acceptant comme vrai que cela n’a pas de conséquences : jetez-vous de cette tour, et vos anges viendront vous soutenir. Faites-vous vacciner avec ce sérum expérimental, et vous ferez un geste d’amour. Achetez un enfant avec la gestation pour autrui, et vous serez parent. Renoncez à votre liberté, et vous serez libre. Achetez ce que vous ne pouvez pas vous permettre : cela vous endettera pour toujours, et vous serez heureux. Enfermez votre mère âgée dans un hospice, et elle sera prise en charge par le personnel qui la fera se sentir bien. Laissez votre enfant changer de sexe et il sera comblé. Laissez que l’État soit laïc et légifère sans conditionnements de la part de l’Église, et l’harmonie régnera entre les fidèles de toutes les religions.
Aucune de ces promesses n’a même un semblant de vérité : ce sont toutes des mensonges, et en tant que tels, le Prince du mensonge veut que nous les acceptions, parce qu’avec elles nous acceptons la subversion de l’ordre divin. C’est pourquoi ce n’est pas une erreur, mais un péché dont nous sommes moralement responsables.
Les conséquences de l’acceptation du mensonge
Le concept de tolérance du mal – qui, dans les sociétés encore chrétiennes, pouvait en quelque sorte permettre des exceptions limitées en vue d’un bien supérieur – a été effacé par la société civile et par l’Église quand, ayant perdu la référence transcendante du Bien suprême et de la Vérité absolue – le Seigneur Dieu – il n’y a plus de mal à tolérer, ni aucun bien à protéger. Parce que l’acceptation simultanée de la Vérité et de sa négation – le mensonge – sont une contradiction logique, avant même que théologique. Et c’est le résultat d’un processus qui, je crois, mérite d’être analysé très attentivement.
La subversion par le moyen de l’autorité
Le processus auquel je me réfère est cette séquence d’événements liés entre eux qui a conduit l’Église Catholique – et avec elle les Nations dans lesquelles les Catholiques sont présents et socialement influents – à personnaliser la relation des fidèles avec Dieu là où elle était publique (le culte, la liturgie) et à collectiviser, pour ainsi dire, la relation des fidèles avec Dieu, là où elle était personnelle (conversion, prière, méditation, expérience ascétique et mystique). Cette inversion – empruntée aux Protestants – fait en sorte que l’action du culte public de l’Église devient un moment d’autocélébration des individus et des groupes, et non la voix chorale de l’Épouse ; et en même temps elle annule l’union intime de l’âme avec son Seigneur – qui s’accomplit seulement dans le recueillement individuel – pour exalter une « communauté », pour lui donner consistance et attractivité en raison d’un « marcher ensemble », sans but.
La normalité hiératique, au-dessus du temps et de l’espace, cède la place au caractère temporaire de l’expérience, à l’inconnu du résultat, à la créativité pathétique ou à l’improvisation sacrilège. Et cela, nécessairement, s’étend à la vie civile, où le témoignage du Catholique non seulement n’est pas nécessaire, mais doit même être déploré ; et où les hommes politiques, même s’ils sont nominalement catholiques, peuvent légiférer contrairement à la Loi de Dieu et de l’Église. Parce que chacun d’eux est convaincu qu’il peut penser d’une manière et agir dans le sens opposé, alors qu’en réalité il finit par penser sur la base de la façon dont il agit.
Le rôle de l’« église profonde »
Tant que la Hiérarchie de l’Église a été fidèle à son mandat, chaque persécution des gouvernements anticatholiques et révolutionnaires a été affrontée avec honneur et fermeté, souvent même avec l’héroïsme du martyre, comme en Vendée, au Mexique, en Espagne, en Union Soviétique, en Chine… Mais dès que Vatican II a « réinitialisé » la Hiérarchie dans un sens libéral et progressiste, c’est elle-même qui a promu la sécularisation de la société et l’exclusion volontaire de l’Église et de la Religion de toute sphère de la vie civile, allant jusqu’à appeler à la révision des Concordats. En l’espace de quelques générations, la civilisation chrétienne construite grâce à l’Église Catholique a été reniée et oubliée, jusqu’à saper les fondements du pacte social. Il ne s’agit pas de statistiques ou de chiffres – qui peuvent néanmoins être documentés – mais d’un changement radical dans la société, dans les principes qui animent ses citoyens, dans l’espérance que nourrissent les grands-parents et les parents pour les générations futures. Je parle de la capacité de nos grands-parents et de nos parents à renoncer à tant de conforts pour garantir les études ou un foyer à leurs enfants ; je parle de la désintégration de la famille avec le divorce, avec la création délibérée d’une crise économique qui rend impossible d’être autonome, de pouvoir se marier et d’éduquer les enfants, de savoir que les autorités civiles et religieuses sont amies et non hostiles et opposées l’une à l’autre.
Cela a également conduit les générations à perdre progressivement mais inexorablement tout cet héritage de comportements quotidiens, d’idiomes, d’habitudes qui étaient la traduction pratique de la manière d’être d’un Catholique ; un abandon qui a été encouragé par ceux qui ont instillé chez les citoyens et dans les fidèles un sentiment de honte pour leur passé, pour leur Histoire, leurs traditions, leur Foi. Il est déconcertant que cette trahison ait été consommée sans réaction, après avoir été imposée d’en haut à la fois dans le domaine civil et – chose inouïe – dans la sphère ecclésiale.
La laïcité de l’État, avec laquelle les Nations se débarrassent de la Seigneurie du Christ, constitue la base philosophique et théologique sur laquelle la dissolution de la société chrétienne a pu être théorisée. Sans le principe de la laïcité de l’État, le divorce, l’avortement, l’euthanasie, la sodomie, la manipulation génétique et le transhumanisme n’auraient jamais pu être introduits dans les législations nationales. Et cela s’est produit avec le soutien décisif de l’Église profonde depuis les années Soixante, et plus récemment avec l’asservissement total de la hiérarchie catholique à l’Agenda 2030 : même Mgr Hector Aguer, ancien archevêque de La Plata en Argentine l’a reconnu lui aussi (ici).
Le désagrégation de la famille
Tout cela a disparu : aucun jeune membre d’une famille moderne n’a jamais entendu parler de comment on vivait autrefois, de ce que l’on croyait, de ce que l’on espérait. D’autre part, où sont les grands-parents, qui jadis s’occupaient de leurs petits-enfants et leur transmettaient les souvenirs de leurs ancêtres, leur sagesse, leur simple religiosité ? C’étaient les grands-parents qui emmenaient leurs petits-enfants prier devant l’image de Notre-Dame, leur enseignaient les prières, comment faire l’examen de conscience, comment réciter un Requiem en passant devant le cimetière, leur enseignant la signification de l’obéissance aux parents, de l’honnêteté, de la parole donnée. La Franc-Maçonnerie a éliminé les personnes âgées, les transformant en marchandises pour l’activité des cliniques ou en les exterminant avec un sérum génique ou par la ventilation forcée. Leur absence, depuis des décennies, s’est accompagnée d’une attaque frontale contre la femme, dans son rôle d’épouse et de mère : un autre élément de cohésion de la famille démoli, un autre rempart abattu. L’attaque contre la figure paternelle – jusque-là calquée sur l’autorité et la bonté de Dieu le Père – a été menée avec la corruption des mœurs, avec la pornographie, avec la promiscuité et enfin – ayant rompu le cordon ombilical qui lie la sexualité à la relation conjugale visant à la procréation – l’homme, le mari, le père, le citoyen a été davantage détruit, en stigmatisant sa masculinité comme « toxique », en l’efféminant, en le castrant dans la volonté et l’intellect ; en plaçant le moyen (le plaisir légitime de l’acte conjugal) avant la fin naturelle (la procréation), puis en substituant le moyen à la fin. Et les enfants, séparés de leurs parents qui travaillent, trouvent à la télévision, sur Internet, sur les réseaux sociaux, ou des applications, à l’école et partout un nouvel oracle, une entité qui les décharge de la responsabilité de choisir en leur disant quoi penser, quoi vouloir et contre qui diriger leurs frustrations. Et inimici domini domestici ejus (Mt 10, 36). Cette entité – à laquelle le pouvoir voudrait reconnaître des caractéristiques presque divines, simulant les facultés de l’intelligence humaine – propose un nouveau credo écologiste, exalte de nouvelles vertus green et woke, désigne de nouveaux maîtres, célèbre ses liturgies. Parce qu’elle se présente comme une religion et en tant que telle elle exige l’assentiment de ses fidèles et l’obéissance à ses ministres.
La religion d’État
Le système d’endoctrinement est expérimenté, et tout au long de l’Histoire, il n’a changé que quelques détails en raison de l’époque ou du progrès technologique, mais il a toujours préservé le schéma original. Et c’est ce schéma qu’il faut connaître, si l’on veut s’y opposer sous toutes ses formes : sanitaire, énergétique, climatique, militaire, financière, religieuse. Un schéma qui s’inspire indéniablement non seulement de l’abolition de la seule vraie Religion, mais aussi de son remplacement par la religion luciférienne du progrès, de l’humanité, de la fraternité, de la Terre Mère. Ne soyons donc pas surpris si le prétexte initial avec lequel la Franc-Maçonnerie a sapé l’autorité de l’Église Catholique au nom de la liberté religieuse échoue, pour laisser la domination incontestée – également reconnue au niveau institutionnel – à la seule religion compatible avec l’idéologie du Nouvel Ordre Mondial : le culte de Satan. Qui, après s’être caché pendant deux siècles derrière Prométhée et la déesse Raison, se manifeste aujourd’hui publiquement au grand jour et revendique pour lui-même cette exclusivité qu’il avait reprochée et niée à la véritable Église, au point de devenir « religion d’État », pour imposer ses dogmes absurdes et ses fausses croyances à la communauté internationale, pour endoctriner les enfants et les jeunes dans les écoles, pour obliger les citoyens à se conformer à ses préceptes.
Il semble qu’on assiste à un renouveau mondial du paganisme comme sous le règne de Julien l’Apostat : une sorte de revanche des cultes idolâtres sur la Religion du Christ, une revanche des ténèbres sur la Lumière. Mais cela, comme nous le savons, est ontologiquement impossible.
« Exsurge Domine »
Face à l’abdication de l’autorité civile, de nombreux groupes à travers le monde s’organisent pour s’opposer aux violations des libertés fondamentales, les dénoncer là où c’est possible, coordonner l’aide à ceux qui sont ostracisés en raison de leur résistance. Ce n’est pas une substitution du pouvoir, ni une forme de sédition : c’est la réponse nécessaire – en attendant des temps meilleurs – de ceux qui voient menacés leur avenir, leurs biens, leur vie même.
J’ai considéré qu’il était de mon devoir de Pasteur de prendre une initiative similaire dans le domaine ecclésial, en donnant vie à l’Association Exsurge Domine, pour contrer la persécution que les prêtres et les religieux traditionnels souffrent aux mains de la secte bergoglienne en raison de leur fidélité à l’Église du Christ, aujourd’hui infestée de traîtres, de corrompus et de mercenaires. Exsurge Domine, sous mon patronage et mon contrôle personnels, veut aider les clercs, les religieux, les moines et les moniales privés de moyens de subsistance, expulsés de leur monastère, persécutés par les supérieurs parce qu’ils sont liés à la Liturgie apostolique ou parce qu’ils ne veulent pas renier le charisme de leur Ordre. Curés qui, du jour au lendemain, sont écartés de leur paroisse ; moniales auxquelles Rome impose une abbesse moderniste ; clercs réduits à l’état laïc sans procédure régulière et avec des accusations infamantes : toutes ces bonnes âmes, amoureuses du Seigneur et fidèles à l’Église, ont besoin d’aide matérielle, de soutien spirituel, d’assistance juridique et canonique.
Je demande à tous d’être les promoteurs de cette initiative auprès de vos connaissances et amis, et de contribuer selon vos possibilités au financement de notre premier projet : la construction d’un village monastique dans la province de Viterbe, où accueillir la communauté de moniales bénédictines de Pienza, lourdement persécutée par le Saint-Siège et leur Évêque. Votre soutien, également par la prière, permettra à tant de bons prêtres et religieux de ne pas succomber aux purges bergogliennes et de pouvoir exercer le ministère ou suivre le charisme qu’ils ont généreusement choisi selon la volonté de Dieu.
Conclusion
Je voudrais conclure mon intervention en me référant précisément à ce lieu, Pontmain, où apparut le 17 janvier 1871 la Vierge Marie, invoquée sous le titre de Notre-Dame de France.
Peu de temps après, le 18 mars, la guerre franco-prussienne allait se terminer, avec la défaite de Napoléon, et les émeutes du mois de mars suivant donneront naissance à la Commune de Paris. Dans cette circonstance, la Franc-Maçonnerie française (d’inspiration socialiste et liée aux centres du pouvoir culturels) a organisé une révolution (ici) qui fut cependant noyée dans le sang au mois de mai suivant par l’intervention du gouvernement de Versailles, sur ordre de la Franc-Maçonnerie anglaise (qui est plutôt libérale et liée au pouvoir institutionnel). Aujourd’hui, ce fossé entre les différentes franc-maçonneries a été surmonté par un pactum sceleris qui les unit – concilium fecerunt in unum (Ps 70, 10) – dans le but commun de mener à bien l’établissement du Nouvel Ordre Mondial, prémisse nécessaire au règne de l’Antéchrist.
La Sainte Vierge, lors de l’apparition à Pontmain, n’a rien dit. À ses pieds se déploie un rouleau en lettres d’or : Priez, mes enfants. Dieu vous répondra très bientôt. Mon Fils se laisse toucher le Cœur. Eh bien, aujourd’hui encore, ces paroles de réconfort restent valables et vraies : le Seigneur répondra très bientôt, parce qu’il y a beaucoup de bonnes âmes qui, dans cette phase d’apostasie et de crise de l’autorité, se réveillent de la torpeur dans laquelle elles sont restées trop longtemps.
La fraude infernale du mondialisme est vouée à l’échec total : il n’y a pas le moindre doute là-dessus. La Babel du Nouvel Ordre Mondial sombrera sous le poids de ses mensonges, marque indubitable de l’œuvre du diable. Il est de notre devoir de proclamer la Vérité, de rappeler au monde que le seul salut vient du Christ, Prince de la Paix, à qui doit être restituée la Seigneurie sur les Nations et sur l’Église qui Lui a été usurpée par une autorité rebelle et corrompue. Que la Très Sainte Vierge, Reine des Victoires et Médiatrice de toutes les Grâces, hâte la fin de cette tribulation, afin que ses paroles prononcées à Fatima en 1917 s’accomplissent : À la fin, mon Cœur Immaculé triomphera.
+ Carlo Maria Viganò, Archevêque
© Traduction de F. de Villasmundo